N1M. Gien/CPB Rennes, samedi 20h30. Après 9 ans de bons et loyaux services Olivier Laz, le gardien emblématique de l’équipe 1 du Cercle Paul Bert tire sa révérence. Nous l’avons interrogé sur les temps forts de sa carrière, ses meilleures facéties et les projets qu’il a désormais en tête. Le bougre en a encore sous le capot !

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Pourquoi mettre un terme à ta carrière ?

Pour des raisons familiales, principalement. J’ai envie de passer du temps avec ma compagne et mes filles. Le Hand est une activité hyper prenante tant au niveau de l’entraînement que des déplacements. Ça demande énormément de concessions. J’arrête ma carrière pour le moment, ça va me faire le plus grand bien de souffler et de passer à autre chose. Il y a une vie après le hand, c’est le moment d’y passer.

CPB – Que retiens tu de ton passage au Cercle Paul Bert ?

Sur le plan sportif, je crois qu’on a atteint l’objectif qu’on s’était fixé avec Franck Prouff et avec Franck Roussel à savoir monter en Nationale 1 et pérenniser la présence de l’équipe à ce niveau [en 2010, quand Olivier Laz arrive au Cercle, l’équipe est en N2. Elle montera en N1 dès la saison suivante, ndlr]. On peut dire que la mission a été accomplie. Il y a une nouvelle dynamique qui va s’installer désormais avec le coaching de Pierre et les jeunes qui vont monter. On peut même parler d’aller plus haut maintenant. Je retiens aussi le plaisir que j’ai pris avec les copains sur le terrain. Le handball m’a permis de tisser des liens d’amitié très fort aussi bien avec mes partenaires qu’avec certains adversaires. Je garde enfin des souvenirs mémorables des différentes virées qu’on a pu faire avec les membres de l’équipe grâce aux fonds accumulés dans la caisse noire.

Une caisse noire… Peux tu nous en dire plus ?

C’est une caisse qui est alimentée par les joueurs à chaque oubli de vêtements, à chaque retard ou encore à chaque absence aux entraînements ou aux matchs. Le montant de l’amende varie de 50 centimes à 50 euros selon l’infraction. Quand le téléphone sonne dans les vestiaires,  par exemple, le coupable doit verser 1 € au pot et cela compte double jour de match. Ces règles peuvent paraître cocasses mais elles permettent de poser un cadre au fonctionnement du groupe. A chaque incartade notre grand argentier le note et il fait les comptes à la fin de mois. En fonction des années, on récolte de 1600 à 2200 €.

Ton meilleur souvenir sur un terrain ?

Il y en a beaucoup mais je garde quand même un souvenir particulier d’un match d’avril 2016 contre Lanester qui s’est déroulé le lendemain de la naissance de ma fille Faustine. J’étais un peu fatigué et je suis entré en jeu sur le tard. On menait 28-17. J’ai fait un bout de match vraiment sympa et j’ai fini par sortir de mes cages pour marquer le 29ème but [On peut revoir la séquence ici, ndlr].

Pourquoi cette fatigue ?

Parce que j’ai rencontré Gaelig Labbé la veille. Je l’ai rencontré à côté du Fox. Ma compagne avait accouché dans la journée. J’ai dit aux gars que je passerai quand même après l’entraînement pour leur payer un verre. Tu parles ! Au Fox, Gaelig m’a commandé une palanquée de verres et m’a prévenu que je ne pourrai pas bouger avant de les avoir terminés. Je n’ai jamais pu partir. Ça a été compliqué derrière.

Peux tu nous parler de ton poste de gardien ?

J’ai fait le choix de ce poste par conviction. Quand tu es gardien, c’est une question de vie ou de mort. On a une grande importance. Le plaisir du gardien, c’est le duel avec le tireur. Tout le monde dit qu’il faut être un peu cinglé pour occuper ce poste. C’est totalement faux. Il faut juste aimer le goût du challenge. Aimer aussi la confrontation psychologique. Avec le temps, à force d’évoluer contre les mêmes équipes, avec certains joueurs c’est devenu un « je sais que tu sais, que je sais ». J’aime aussi le côté décisif du poste. C’est hyper attrayant d’avoir un tel impact dans le jeu. Le gardien, c’est le premier attaquant de l’équipe.

T’es plutôt chambreur sur le terrain ?

(Il rigole) Ah ouais, carrément ! Je suis un gros chambreur, j’aime bien ça. Ça fait justement partie de cet aspect psychologique du poste. L’idée, c’est de rentrer dans la tête du joueur adverse. Prendre l’ascendant sur l’adversaire, ça passe par la chambre. Mais quand tu chambres, il faut aussi accepter de se faire chambrer en retour.

De quel arrêt es tu le plus fier ?

(Il réfléchit, sa fille gazouille dans ses bras). L’arrêt sur le pénalty de Valero Rivera contre le HBC Nantes en décembre 2015 [8ème de finale de la coupe de France, ndlr]. C’est quand même un joueur de classe mondiale. Sortir un tel pénalty, c’est toujours un plaisir. J’en ai arrêté 2 ce soir là.

Le meilleur souvenir sportif de ta carrière ?

Une confrontation en aller retour contre Hazebrouck en mai 2009 avec Angers Noyant pour le titre de champion de N1. On a remporté cette confrontation et on est monté en D2. Un souvenir très sympa.

Ta troisième mi-temps la plus homérique ?

Dans chaque club où je suis passé, il y en a eu quelques unes ! Déjà on peut retenir le dernier match à Rennes contre l’US Créteil qui je pense restera dans les annales. Au même titre que les Saint-Patrick ou les OktoberFest à Géniaux. Si je devais n’en retenir qu’une, ça serait la victoire contre Asnières pour ma première saison à Rennes. On jouait la montée en Nationale 1. Un match clé qu’on a gagné d’un but. On est parti faire la fête sur Paris après la rencontre. Autant dire qu’on n’a pas beaucoup dormi. Si on a attrapé notre train le lendemain, c’est juste parce qu’il avait du retard. Avec Franck on est même monté dans celui qui partait pour Bordeaux !

Le voyage de retour s’est passé dans le calme ?

Pas vraiment ! On s’est retrouvé au wagon bar et c’était reparti. Sauf qu’arrivés à la garde du Mans, il y avait 4 paniers à salade qui nous attendaient. Après moultes discussions avec la police ferroviaire on a obtenu de rester dans le train. On s’est tenus à carreau jusqu’à Laval où les policiers sont descendus. Et on a remis ça de Laval à Rennes. A notre arrivée, on a encore eu le droit à un comité d’accueil. On a réussi à filer discrètement par les quais…

Une rumeur court selon laquelle tu t’engagerais en loisir l’année prochaine. Info ou intox ?

Intox ! Je n’ai pas le niveau pour concurrencer Tifenn ! Mais c’est vrai que c’est la première équipe qui a cherché à me recruter. J’ai eu plusieurs autres propositions dont une de Dinan Lehon et une autre du New York Handball club.

New York ? Vraiment ?

Absolument. Le club de New York m’a vraiment approché pour que j’évolue outre-Atlantique. On va voir, ça pourrait être une expérience fun. C’est un championnat plus court et qui compte beaucoup moins d’équipes mais ça pourrait être rigolo.

On a donc entendu parler de tes exploits jusqu’aux Etats-Unis ?

Il faut croire. C’est Benjamin Briffe, un de nos potes, un ancien joueur de Cesson et d’Aix qui a fait le lien. Il est parti s’installer aux Etats-Unis avec sa femme et il joue depuis pour le club de Hand de New York. En Amérique du Nord, il y a une dizaine d’équipes qui tournent au Canada et à peu près autant aux Etats-Unis.

A quel niveau évoluent ces équipes ?

Il y a beaucoup d’expatriés qui jouent là-bas. Ça peut varier en fonction des équipes et des saisons. D’après Benjamin, ça joue à un niveau de Prénationale/N3. Le championnat est concentré sur 2-3 week-ends pendant lesquels chaque équipe joue plusieurs rencontres. Ça serait donc une expérience ponctuelle. L’occasion aussi de revoir Benjamin et de découvrir les Etats-Unis en famille. J’étudie la proposition pour le moment. Un tel projet suppose pas mal de chamboulements. Pour l’instant, stand-bye, l’été va servir à réfléchir. Mais si je reprends une licence dans les mois à venir ça sera pour aller jouer là-bas, c’est certain !

Olivier Laz en 10 dates
2 juillet 1985 – Naissance à Morlaix (29)
1990 – Premiers pas sur un terrain (CO Plouescat)
2003 à 2008 – Morlaix-Plougonven Handball (N3/N2)
2008 à 2010 – Angers Noyant Handball (N1/D2)
Juin 2009 – Match d’accession en D2 face à Hazebrouck
2010 à 2019 – CPB Rennes (N2/N1)
2013 – Naissance de sa fille, Romane
Décembre 2015 – 1/8ème de finale face au HBC Nantes
2016 – Naissance de sa deuxième fille, Faustine
Mai 2019 – Dernier match à Géniaux (victoire 24-23 contre l’US Saintes)