N1M (playdowns).CPB Rennes – Créteil, samedi (20h45). Ancien international et meilleur gardien de D1, le portier de 41 ans arrête le handball. Les acteurs du jeu dressent son portrait.

Nicolas Lemonne

Il a dit stop. Après 25 ans de handball, 20 au (très) haut niveau, Nicolas Lemonne arrête. « Je crois avoir fait le tour de la question, même si j’aime toujours jouer à la baballe », confiait-il en février.

S’il a marqué le handball par son palmarès (élu meilleur gardien de D1, 18 sélections en équipe de France, des matches de Ligue des Champions avec Créteil…), il n’a pas laissé insensible les hommes croisés au cours de sa carrière.

« Nico, c’est un mec qui ne triche jamais »

« Je l’ai connu en 2002, en arrivant à Créteil, raconte Dragan Pocuca, ancien coéquipier aujourd’hui entraîneur des gardiens à CréteilIl y avait une concurrence, mais positive. Surtout, il a fait le premier pas vers moi, pour me parler. On a noué une amitié. Ce qui m’a marqué ? Son mental ! Peu importe l’adversaire, il ne se mettait pas de pression. À ce niveau-là, il était peut-être même plus fort que moi. » Il se marre. Et rend visite à son ami chaque année au moins, au CPB Rennes.

Un autre homme l’a bien connu dans ses années cristoliennes. Celles qui l’ont forgé, lui ont fait côtoyer les sommets, l’équipe de France et le haut de tableau. L’entraîneur du HBC Nantes, Thierry Anti, qui dispute ce week-end le Final Four de Ligues des Champions, était entraîneur du club francilien quand Lemonne est arrivé.

« On a vécu de bons moments à Créteil. Il a quand même fait de grosses, grosses performances. Il aurait pu avoir plus sa chance en Bleu, je trouve. Il y a un vrai respect entre nous, on se revoit toujours avec énormément de plaisir », confie l’entraîneur du « H »… Qui a failli entraîner à nouveau Lemonne il y a quelques années. « Ça a failli se faire à Nantes, en tant que joker médical… » La plus belle preuve de confiance.

En 2009, il a quitté Créteil. Il avait 32 ans, envie d’un dernier challenge pro. « Il a fortement aidé le club à se maintenir en D1, pointe David Christmann, alors entraîneur de Cesson-Rennes, aujourd’hui directeur sportif. Il a tout du joueur parfait. Humainement aussi, il a toujours été respecté, il a tenu le vestiaire. Au-delà de ses qualités de gardien, très explosives, c’est un bon mec. Un super état d’esprit. Un grand pro. »

À Cesson-Rennes, il a été le briscard du groupe. Celui qui apporte l’expérience, montre l’exemple. « On a été trois, quatre ans dans la même chambre, glisse Benoît Doré, ailier de CessonNico, c’est un mec qui ne triche jamais. Je l’ai vu bouffé des anti-inflammatoires tous les jours pendant deux ans, mais il jouait. D’ailleurs, j’attends toujours qu’il annonce sa retraite internationale, ce qu’il n’a jamais fait. » Embêté par les blessures, il joue « sans ligaments croisés du genou depuis 8 ans », riait-il en février.

Après la fin de carrière cessonnaise, synonyme de départ du monde professionnel, Nicolas Lemonne reste en Bretagne et rebondit au CPB Rennes, en 2013. Le Tourangeau s’implique, montre qu’il en a encore sous la semelle, « chambre, grande gueule, joueur de tarot invétéré », dixit ses coéquipiers. Samedi, il sera célébré. « Il n’aime pas la lumière des projecteurs, confie Olivier Laz, gardien du CPB Rennes et ami. Mais il faudra lui faire une belle fête. Nico, c’est la performance et les amis avant tout. » Clin d’oeil du calendrier, il joue son dernier match à domicile face à Créteil« Pour lui, la boucle est bouclée », sourit Benoît Doré. Qui sera dans les gradins. Pour assister à sa der’.

Alvin Koualef – Ouest-France – Ille et Vilaine – 25/05/2018