Présidente de l’association principale du CPB Rennes, Isabelle Daniel revient pour nous sur ces années passées à la tête de l’une des plus grandes associations de France et de son point de vue sur le groupe handball.

Isabelle, peux-tu nous en dire un peu plus sur toi ? Comment es-tu arrivée au CPB Rennes ?

Je suis revenue à Rennes en 1996. Mon conjoint était déjà bénévole dans un club de boxe sur Lorient et à notre arrivée, il a souhaité trouver un club et il n’y en avait qu’un seul : le CPB Rennes. Très vite, il a intégré le bureau directeur. Il s’agissait d’une petite structure et la Fédération Française de Boxe exigeait 6 noms pour que le club soit affilié alors qu’ils n’étaient que 5. J’ai proposé mon nom pour aider le club. 2 ou 3 ans plus tard, le club a accusé plusieurs départs au sein du Bureau Directeur et a souhaité que je prenne la présidence. Je pensais que mon rôle ne changerait pas énormément et que la tâche ne serait pas trop compliquée ! J’ai appris par la suite que la Ligue Bretonne de Boxe nous avait attribué l’organisation du championnat régional donc il fallait d’entrée de jeu que je me mette au travail. J’ai découvert également qu’un président de groupe était automatiquement membre de son comité de section d’appartenance (instance régulant nos implantations territoriales). Après quelques mois, un membre de ce comité siégeant au conseil d’administration ne pouvant plus y assister, la présidente du comité de section m’a proposé de le remplacer  et ce, à deux ou trois reprises. L’exercice ne m’a pas déplu et je me suis présentée officiellement à l’élection du CA.  En janvier 2009, René Barrat, alors président général du CPB  vient me voir et me dit « je souhaite passer le relais et je pense que tu peux me remplacer. Tu as 24h pour me donner ta réponse » C’était pour le moins inattendu et j’avoue qu’en dépit de la confiance qu’il m’accordait, je voyais mal comment concilier la fonction et mon activité professionnelle à plein temps. Pour me permettre de ne pas précipiter les choses,  René a créé un poste de Vice-présidente lors de sa dernière année d’exercice afin que je fasse un « premier tour de piste ».

Que représente le poste de Présidente au CPB Rennes ?

Curieusement, je ne me suis jamais présentée au poste de Présidente. C’est René Barrat qui m’a présentée. Je ne suis pas rentrée dans les Instances en briguant ce poste-là. Après ce tour de piste d’un an, j’ai découvert énormément de choses, mais vous vous doutez bien que René s’est bien gardé de tout me montrer ! La fonction et son ampleur peuvent légitimement inquiéter et c’est bien pour ça que je ne trouve personne pour me succéder ! Le poste de Président est compliqué, mais passionnant, car on apprend énormément de choses. Il y a des côtés fantastiques, mais au quotidien, la difficulté, c’est de chercher en permanence les équilibres :  équilibre entre le siège et les sections (qui font vivre l’activité du siège), équilibre entre la circulation des informations que l’on doit donner et les décisions à prendre, ’équilibre entre bénévoles et professionnels et, bien entendu : équilibre budgétaire. Nous avons trois grandes activités : socio-éducative, culturelle et sportive et il ne faut jamais privilégier une par rapport à l’autre. Le CPB Rennes est une très grosse structure : il y a 10 sections (qui jusqu’en 2008, étaient des associations indépendantes), près de 1500 bénévoles qui travaillent au quotidien et 200 fiches de paie par mois ce qui représente 121 équivalents temps plein. Tout cela pour 13 000 adhérents et 110 activités. Nous sommes la plus grosse association de France affiliée à la Ligue de l’enseignement et le 3e club omnisports de France.

Quelle est la mission du CPB Rennes ?

Certes, nous ne sommes pas une délégation de service public, mais nous devons être au plus près de tous les territoires avec nos trois grands pôles, faire en sorte de concourir à l’équilibre social à l’échelle de la ville et proposer des activités au plus grand nombre. Cela passe beaucoup par le sport, mais aussi par les activités de loisirs, socio-éducatives, le théâtre, la musique, etc…Nous avons aussi un grand rôle avec les ALSH (centres de loisirs). C’est vraiment un service que nous devons rendre à la population, notre objectif principal.

Comment le CPB Rennes a-t-il géré la crise Covid-19 ?

C’est simple et compliqué. Ma première réaction lors des premières heures du confinement a été de mettre tout le monde aux abris et de respecter les règles imposées par le gouvernement et la municipalité. Nos locaux sont fermés jusqu’au 2 juin et nous pourrons réouvrir lorsque les protocoles sanitaires seront en place et aptes à accueillir du public. Personne ne rentrera dans les locaux tant que tout ce ne sera pas mis en œuvre pour garantir la sécurité sanitaire optimale. Le début n’a pas été très compliqué à gérer, car nous n’avions pas d’autre choix que de fermer. Depuis 1 mois, cela bouge un peu et nous commençons à envisager une ré-ouverture de nos services. Pendant le confinement, nous avions juste envisagé d’éventuellement laisser ouverts les centres de loisirs pour les enfants du personnel soignant. Nos locaux sont fermés jusqu’au 2 juin et nous pourrons réouvrir lorsque les protocoles sanitaires seront en place et aptes à accueillir du public. Cela change depuis 1 mois, car on nous a demandé de participer à la sécurisation des retours à l’école. Quand et comment nous pouvons le faire, telle est la question. L’école a finalement pris le relais, mais nous étions prêts. Nous sommes déjà en ordre de marche pour accompagner l’éducation nationale et la municipalité dans la proposition d’activités. Il faut également travailler à l’après Covid-19 et faire en sorte que tout le monde revienne dans une sécurité optimale. Nous travaillons avec l’ensemble des groupes sur leur ré-ouverture et les protocoles à appliquer pour chaque cas. Nous mobilisons aussi les salariés sur des actions pour ne pas prolonger le chômage. Et enfin, dès le 25 mai, il faudra être en mesure de proposer des activités sur toute la durée de l’été, car beaucoup de gens ne pourront pas partir en vacances comme avant. Ce sera notre mission principale sur les prochains mois pour ensuite commencer à préparer la rentrée. Il ne faut pas précipiter les choses, car c’est très évolutif.

Parlons du groupe handball, quelle est ta vision sur ce groupe ? Comment analyses-tu son évolution ?

Il y a énormément d’activités au CPB Rennes que je les ai découvertes au fur et à mesure. J’ai essayé de m’intéresser le plus possible à l’ensemble des groupes. Pour le handball, ça été un peu plus facile dans la mesure ou Franck Roussel était le Vice-président au sport lors de mon arrivée au poste de Présidente. Tout naturellement, c’est un des groupes que j’ai pu voir et découvrir très rapidement. Mes nombreux échanges avec Franck, ont fait que je connaissais beaucoup de choses sur le fonctionnement du club et j’ai ensuite commencé à aller voir les matchs. C’est un groupe particulier, car pour moi, c’est un des rares qui arrive à tout concilier, ce qui est assez impressionnant d’ailleurs. Sur la pratique sportive, c’est un groupe qui communique beaucoup et qui est très moteur en termes d’échanges et de bonnes pratiques. Il est capable de mener de front sport pour tous et haut niveau, ce qui n’est pas une chose mince à faire et dans le cadre d’une mixité totale ce qui est extrêmement important. Le groupe est également très actif dans la recherche de partenaires privés et sans aucun doute le plus performant à ce titre, à noter également que certains d’entre eux s’investissent également à l’échelle de l’ensemble de l’association. Il y aussi un mixte, très intéressant entre les bénévoles et les professionnels. La famille du handball vit dans une très bonne ambiance. C’est un exemple à suivre pour toutes les sections car il représente à cent pour cent l’ADN de l’association CPB Rennes. On ne peut oublier l’événement Sandballez à Rennes, qui est aujourd’hui la manifestation phare du CPB Rennes Non seulement il fédère nombre de cerclistes bénévoles et professionnels de toutes les sections mais il a su habilement associer les établissements scolaires dans le cadre d’un projet pédagogique mis en place depuis plusieurs années. Nous attendons toujours le sandball avec impatience.

L’équipe première s’est installée sur le niveau National 1, qu’est ce que cela apporte à l’association ?

L’équipe masculine du CPB Rennes a un rayonnement national donc, dès que l’on parle du groupe handball, on évoque le CPB Rennes. Cela apporte une visibilité importante sur le plan national. Comme toute association sportive qui se respecte, elle doit respecter le sport pour tous et le haut niveau sans privilégier l’un ou l’autre. Il n’y a pas de sport de haut niveau sans sport pour tous et inversement. Les deux se complètent et ne vivent pas l’un sans l’autre. Il y a une école de formation au CPB Rennes qui vit aussi par l’image de son équipe phare.

Comment vois-tu l’évolution de ce niveau avec l’arrivée du professionnalisme ?

Cela va poser un vrai débat au sein du CPB Rennes puisque nous sommes principalement destinés au sport amateur et pas professionnel. Ce sont les grandes règles de notre fonctionnement. Mais nous allons devoir évoluer. Ce qui ne m’inquiète pas, c’est que nous sommes alertés et préparés par ce que cela peut occasionner. Il faut réfléchir sur la structuration du staff pour l’arrivée du professionnalisme. Je ne suis pas inquiète, car le groupe est bien encadré, mais il ne faut pas s’arquebouter sur des principes qui ont fait notre fondement durant des décennies, voir des siècles. Il faut savoir s’adapter à l’environnement actuel, donc s’il le faut, on s’adaptera. Il y a déjà eu ce cas il y a 15 ans avec le groupe Volley qui a laissé énormément de traces. Si les choses se structurent correctement et sont bien avisées, je ne vois pas pourquoi cela ne pourrait pas arriver. Mais il faut que l’on garde tout de même notre fondement principal pour ne pas tout accepter, que les choses soient faîtes dans les règles et progressivement. D’autres options s’offrent à nous également avec la création d’une structure annexe affiliée à l’association. Nous sommes en contact avec d’autres structures qui ont déjà franchi ce pas. Je suis pour aller vers ce genre de chose, à condition d’avoir le financement nécessaire pour ce fonctionnement. Le cahier des charges imposé par la Fédération devra être respecté et nous ferons les choses solidement pour ne pas nous retrouver en difficulté un jour.

Les filles montent également en puissance avec un beau parcours en 2019 en Coupe de France…

J’ai découvert les filles tardivement, car elles ne jouaient pas à Géniaux. C’est une équipe formidable qui fonctionne de la même manière que les garçons. Il y a une ambiance familiale, un bon groupe de copines. La première fois que je les ai vues jouer et je les ai trouvées exceptionnelles. J’ai été ravie de leur accession en nationale, c’est une très bonne chose pour le club. Les moments passés avec elles lors de la Coupe de France 2019 étaient exceptionnels, je ne sais même pas quoi dire. Très sincèrement, c’était un des plus beaux moments de ma vie de Présidente. J’en ai eu plusieurs sympathiques, mais celui-là dépasse tout. Quand on voit l’entrée des joueuses avec le nom sur les écrans géants, le show dans l’AccorHotels Arena et le logo du CPB Rennes affiché partout dans cette enceinte prestigieuse, tu te dis que le cœur bat très fort et cela te donne quelques frissons. C’est une aventure fantastique au-delà du résultat, car c’est un ensemble. La Fédération a fait un protocole identique pour toutes les finales de la départementale à la nationale. Cela me fait toujours quelque chose d’en parler, surtout dans le contexte particulier actuel. C’est un souvenir mémorable et toutes ces filles sont adorables.

Comment le CPB Rennes abordera t-il les prochaines années ?

Il faut que l’on continue de donner, correctement, ce que l’on apporte à la population au quotidien. Concernant le sport, c’est une olympiade particulière, mais qui pour nous, va se décliner en 70 olympiades différentes car chaque groupe sportif à son projet. Il y aura autant de projets que de groupes sportifs.  Nous avons lancé un grand chantier depuis un an, qui a été un peu stoppé à cause du Covid-19, qui concerne l’évolution du sport au sein de notre structure. Nous voulons donner un nouvel élan au sport au sein du CPB Rennes ainsi qu’à notre projet associatif. Deux grands chantiers qui se complètent et qui doivent faire évoluer les pratiques, les vies de groupes et bien d’autres thèmes (L’axe du professionnalisme également dont on parlait juste avant). Quand nous organisons une réunion sur ces thèmes, cela représente vite 50 personnes donc c’est assez important et il y a de l’engouement. Cela fait trop longtemps que notre projet sportif n’a pas été toiletté de manière qu’on soit au centre des attentes de nos pratiquants. Cela ne va pas se faire d’un claquement de doigts, mais nous y arriverons très prochainement. Il faudra en tirer une ligne de conduite pour les 10 ans à venir.

Depuis peu, le CPB Rennes dispose de son propre centre de formation. Une grande avancée pour la structure ?

Nous sommes un centre de formation depuis peu. C’est une des choses dont je suis la plus fière , car nous avons eu du mal à la mettre en place pour plusieurs raisons. Nous avons travaillé entre élus et professionnels pour faire avancer ce projet. Nous sommes une association d’éducation populaire donc créer notre propre centre de formation, en lien avec l’UFOLEP, avait du sens par rapport à notre activité. C’était une évidence ! Il fallait le structurer et aller au-delà de ce qu’on pouvait déjà faire comme les formations BAFA ou baby-sitter. Il y a une forte demande dans le monde sportif. Nous avons fait cela en lien avec les structures déjà existantes et pas seul dans notre coin. Le centre de formation n’a d’ailleurs pas arrêté son fonctionnement durant le confinement avec des formations en FOAD. Nous pouvons également maintenant former et faire évoluer nos salariés, ce qui est une chose importante dans notre plan de développement. Les bénévoles peuvent être aussi concernés. C’est aujourd’hui un fer de lance sur de nombreux points et on ne devait pas passer à côté. Il y a encore une belle marge de développement.

Isabelle Daniel et Joël Delplanque (Président FFHB)