Le hand recèle de fratries. Ainsi, Olivier et Jean-Baptiste Laz (32 et 29 ans) font les beaux jours du Cercle Paul Bert, après être passés par la case professionnelle. Nous les avons confrontés à leurs souvenirs et leurs travers, en vert et contre tout !

2016-2017 - N1 - Olivier Laz

Cette passion commune, qui vous amène aujourd’hui à porter les mêmes couleurs, elle vient d’où ?

OLIVIER : La passion, elle vient de notre père qui était joueur lui aussi, dans les gros clubs régionaux du Finistère. On ne savait pas encore marcher ni l’un ni l’autre et nous étions déjà dans les gymnases à quatre pattes. Nos parents ayant un bar crêperie en face du gymnase, au lieu d’aller à l’école le midi, la cour de récré, c’était là-bas.
JEAN-BAPTISTE : C’est simple on y était tous les midis ! C’était la deuxième maison. Le samedi, on savait qu’on y passait la journée et le soir, on allait demander des crêpes à notre mère le plus vite possible pour aller voir l’équipe 2 puis la Une. On n’en ratait pas un ! A douze ou treize ans, on m’a demandé d’arbitrer un match senior tellement qu’il n’y avait personne ! C’était notre club et on rendait service quand il le fallait.
OLIVIER : JB, à quatre ou cinq ans, vers 22 heures le samedi, rentrait à la maison après les matches avec les sacs de maillots des équipes et les mettait dans son lit pour dormir avec ! Je me souviens des matches « franchouillards », des tournois en hiver et en été dans le Finistère où tout le monde se retrouvait. Le handball émergeait avec la première grosse équipe de France suite aux JO de Barcelone. Canal+ commençait aussi à montrer les premiers gros matches, Montpellier-Chambéry, avec la petite clé blanche. On allait chez les copains voir ça.

Olivier, as-tu toujours été dans les buts et pourquoi ce choix ?

OLIVIER : Arrière droit et gardien de but. Quand tu as un bras gauche, tu hésites… J’alternais jusqu’au moment où il a fallu faire un choix arrivé sur les sélections de jeunes. Après, le poste de gardien, c’est de la passion, tout simplement ! Une évidence.
JEAN-BAPTISTE : Il lui fallait ce poste. Il ne fallait pas le mettre ailleurs ! Sur le terrain, je ne sais pas si ça aurait donné. Quelque chose de bien, je ne sais pas… de bourrin, c’est sûr !

Faut-il être fou pour être gardien?

JEAN-BAPTISTE : Décalé, oui c’est sûr ! Il faut une relation particulière avec son binôme. C’est l’une des clés de la réussite pour qu’une équipe tourne bien. Et c’est le seul poste qui exige une telle complicité entre deux joueurs qui veulent tous les deux être sur le terrain.

As-tu vécu des situations contraires, où cela allait mal ?

JEAN-BAPTISTE : Rarement mais oui…Sans citer personne, il y a eu un changement en cours de saison où cela ne s’était pas bien passé. Quand la doublette ne fonctionne pas, la défense est en difficulté et donc, l’équipe…
OLIVIER : Je me souviens de l’élément déclencheur ce jour-là…
JEAN-BAPTISTE : Ceux qui étaient là s’en souviennent tous… Ce fut la dernière goutte d’eau à faire déborder le vase !

JB, as-tu toujours été sur le terrain ? Pas envie de faire comme le grand frère ?

JEAN-BAPTISTE : Il y a deux ans, en N1, je m’y suis retrouvé oui… Nico Lemonne avait pris rouge et Olive, quand il prend deux minutes pour n’importe quoi, il faut bien que quelqu’un y aille. J’aime bien ça mais ma place est dans le champ.

En tant que capitaine, il faut donc gérer son caractère ?

JEAN-BAPTISTE : Ça va, les deux « vieux » dans les buts arrivent à se gérer. Nico, attention, c’est un compétiteur, un chambreur, ça peut arriver qu’il chambre un gamin de 18 ans ! Mon frangin, lui adore faire le show, enflammer le public. Quand il est parti c’est quelque chose !

Les gardiens reçoivent quand même de sacrées frappes. Il faut n’avoir peur de rien !

OLIVIER : Vaut-il mieux prendre un ballon de 50 grammes à 100 km/h ou un garçon de 100 kilos à 25 km/h ? Le choix est vite fait… Au-delà de ça, les impacts pour les joueurs de champ sont plus dévastateurs! Il y a un impact de plus en plus important, avec de plus en plus de physique. Dans le but, on est sur un poste privilégié où l’on a une sorte de pouvoir de décision et d’être le dernier rempart. La moindre erreur, on peut la voir mais la moindre réussite aussi. Nos moindres faits et gestes ont un impact sur le résultat. C’est une adrénaline supplémentaire. Et puis ce duel tireur-gardien…

Vous êtes-vous déjà affrontés en compétition ?

JEAN-BAPTISTE : Oui, et c’est lui qui a gagné. Je jouais à l’époque à Cesson, nous étions en D2 et lui à Angers (N1 à l’époque). C’était en coupe de France et ce fut notre dernière défaite de la saison. Ensuite nous sommes montés. En plein hiver, je m’en souviens bien, on n’était pas bien ! Ce revers-là avait été fondateur.

Dans ce cas-là, Olivier, tu réconfortes ton petit frère ?

OLIVIER : Ah non ! Là je l’allume, je chambre !
JEANBAPTISTE : Je confirme, je ne faisais pas le malin ce jour-là. En plus nos potes et notre père était là…

OLIVIER : Il avait choisi son camp, il était resté breton donc je l’avais bien branché aussi !

Sur le terrain, JB, tu dois le respect à ton grand frère !

OLIVIER : On appelle ça le droit de Nenesse ! Respect au plus vieux !
JEANBAPTISTE : Vu qu’il est gardien et moi sur le terrain, ce n’est pas la même relation que si nous étions tous les deux sur le terrain.
OLIVIER : Avoir la relation gardien-joueur de champ est différente. A la limite, c’est moi qui vais l’allumer plus facilement sur la défense. Sur l’attaque je serais plus de conseil que de l’allumer. Sauf quand sur une belle relance, il frappe ensuite un mètre au-dessus du but… (Sourire). Nous sommes plus complices qu’autre chose. Nous avons les mêmes copains depuis petit. Le handball, c’est un peu le quatrième frangin. Le troisième entraîne en pré-nationale, à Cagnes, et a joué en Nationale 3 et a entraîné de la N1 fille. Il a vite compris qu’il serait limité comme joueur ! Il est droitier nous, on est gauchers.

Quels sont les défauts et qualités sur et en dehors du terrain de ton frère ?

OLIVIER : Droit de Nenesse, je commence! Niveau hand, JB manque de qualité technique comme tireur ! La technique n’est pas son fort.
JEANBAPTISTE : Je ne suis pas forcément formé à l’aile. Là où je me sens le mieux, c’est arrière. L’aile, c’est ingrat tu es très dépendant des autres. Parfois tu n’as pas la balle. Moi j’aime jouer arrière mais je sais que mes qualités physiques ne me permettent pas d’y évoluer. 1,82 m sans trop de bras… On appelle ça le tir du bouchon « Poc »…. Je compense par l’expérience !

OLIVIER : Ses qualités sont plus la combativité, l’état d’esprit. Sa rigueur à l’effort aussi. Il a une grosse abnégation. Il y a dix ans de cela, lors de sa première année à Morlaix, je ne suis pas sûr que beaucoup de monde imaginait que Jean-Baptiste Laz jouerait trois ans en Starligue. Pour ça jesuis fier de lui, bien sûr ! Hors du terrain… Comme tout breton, je dirais qu’il est un peu trop têtu, voire “tête de con” quand il s’y met.
JEANBAPTISTE : Ça évolue un peu ! Il faut savoir prendre de la distance et mon boulot (ndlr : il est professeur de sport) m’a permis d’évoluer. J’arrive à prendre du recul, je laisse l’enfant avoir raison et après je reviens pour lui faire comprendre qu’il avait tort.

OLIVIER : Comme qualité, je dirais le cœur qu’il peut avoir, surtout avec mes filles, c’est un super tonton. Les premières années, on travaillait tous les deux le samedi avec ma conjointe et il était toujours dispo pour s’occuper des filles, nous dépanner. Il est fiable et généreux, vraiment.

Et toi JB, qu’as-tu à répondre ?

JEANBAPTISTE : C’est sa générosité avec les gens qu’il aime. Ça peut aussi être son défaut. Il est toujours obligé d’aller voir d’autres personnes pour ouvrir son cercle. Il est socialement trop ouvert. Il est capable d’aller faire la bise au délégué du match ou à un joueur d’en face qu’on n’aime pas.
OLIVIER : Je suis capable d’être dans les extrêmes, dans le bon comme le mauvais au cours d’un match. J’arrive maintenant à me contrôler mais sur une mauvaise période, je peux péter des plombs assez facilement.
JEANBAPTISTE : A une époque, il ne fallait pas toucher au petit frère ! Moi aussi je peux être impulsif. Sur le terrain, je suis plutôt tranquille et Olivier met aussi plus de temps à monter. Mais le terrain, ça peut partir très vite.

Pour conclure, le CPB, comment le définiriez-vous ?

JEANBAPTISTE : Ça peut se comparer aux clubs de nos débuts. Tu viens faire du hand car tu aimes ce sport et que tu retrouves tes potes. Il y a cette envie de jouer ensemble.
OLIVIER : Tu vas aussi à la rencontre d’une équipe dirigeante, d’entraîneurs, de bénévoles et de supporters qui ont le même but commun, faire vivre une famille, dans le partage. Quand tu es cercliste, tu as le sang vert.
JEAN-BAPTISTE : S’il faut aller coacher les U11 et ou arbitrer les U13 on y va bien volontiers. Il y a un respect.

Vous finirez vos carrières ici ?

JB : Oui, certainement.
OLIVIER : A part si on me propose un contrat à 10 000 €, on verra (rires) ! Et encore… Ici il y a un cadre de vie unique, donc oui, ça devrait se terminer ici.

Recueilli par Julien Bouguerra – Rennes Sport
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