Dragan Pechmalbec, 22 ans, vient d’être appelé pour la première fois de sa jeune carrière en équipe de France A. Une consécration pour le joueur du HBC Nantes mais aussi pour son club formateur, le CPB. Avec sa décontraction et son humilité habituelles, le néo-Bleu n’a pas oublié d’où il vient et illustre à merveille le travail de formation entamé depuis des années par Franck Prouff et ses collègues du côté du CPB.

Dragan Pechmalbec - EDF

Bravo Dragan, te voici international français. Comment as-tu reçu cette grande information ? Avais-tu déjà reçu une pré-convocation ?

Je sais que cela existe, que la Fédé en envoie mais je n’en avais pas eu. J’ai été le premier surpris ! Ni le coach, ni l’entourage du club ne m’en avait parlé.

Comment l’as-tu appris ?

Nous avions quatre jours de pause. J’étais rentré chez mes parents. Nous étions partis nous ballader avec mon père près de Montfort. Quand je suis rentré chez moi, j’ai allumé mon téléphone et j’ai vu qu’il y avait un paquet d’appels et de messages dans tous les sens. J’en ai regardé, un, deux, trois et j’ai commencé à comprendre. Pour être sûr, je suis allé vérifier sur le net mais oui, c’est bien vrai !

Tu te pinces pour y croire ?

Ce sont des joueurs que j’affronte régulièrement mais ça fait drôle de me retrouver avec eux. C’est surtout quelque chose de pas du tout prévu et que je n’imaginais pas !

Tu as commencé le hand sur le tard. Passer de débutant il y a six ans à international aujourd’hui, c’est fort !  …

J’ai progressé vite mais j’ai été aussi aidé par le pôle espoir. Nous avions des séances deux fois par jours, j’ai rapidement acquis les fondamentaux, les appuis et tout le reste puis il a fallu travailler et mettre beaucoup d’application. J’ai travaillé dur mais j’ai aussi la chance d’assimiler ce que l’on m’apprend.

Que représente le CPB dans ton parcours ?

C’est mon club formateur, où j’ai presque tout vécu. J’ai passé quatre ans la bas, je n’en garde que des bons souvenirs, en 18 ans comme en Nationale 1. Je reviens souvent car la plupart de mes potes dans le handball y sont ou sont passés par le Cercle Paul Bert. Le « vert » m’a profondément marqué, tant humainement que sportivement. Nous vivions comme une famille et on se voyait aussi en dehors du handball, ce qui permet ensuite de garder le contact. C’est ce que l’on ne voit pas forcément dans les clubs pros aujourd’hui.

Certains garçons de ton équipe auraient-ils pu aller plus haut ?

Gwendal Thouminot, par exemple, pourrait sans doute jouer au-dessus mais le souci, c’est qu’il ne se pose même pas la question lui-même (sourire). Il est bien au CPB mais je le trouve efficace, il marque et est bon en défense. Je lui ai déjà dit, je le pense réellement, il faut peut-être que quelqu’un d’autre lui dise. Il y a aussi qu’Alexandre Vu a le niveau du dessus. Je cite Gwendal et Alex, mais d’autres aussi pourraient aller plus haut encore.  Je n’oublie pas non plus les anciens, qui m’ont beaucoup aidé à mes débuts et par la suite. Les frères Laz, « Nico » Lemonne et Pierre Le Meur, notamment. Tous ces garçons m’ont donné beaucoup de conseils pour réussir, pour avancer.

Un maillot de l’équipe de France est-il déjà prévu pour honorer la salle Géniaux ?

J’ai déjà promis d’en donner un de Nantes cette année, ça va bientôt se faire (rire). En équipe de Fance je ne sais pas comment cela se passe, si je peux récupérer le maillot mais j’ai bien sûr ça dans un coin de ma tête !

A Nantes, comment juges-tu ton évolution. Tu joues de plus en plus et fait preuve d’une sacrée polyvalence chez un cador européen !

Les choses se sont faites aussi assez rapidement. J’ai eu la chance d’être assez performant dès mon arrivée alors que je n’étais que stagiaire pro. Malgré ce statut, j’ai dû jouer plus d’une trentaine de match. Cela s’est bien passé donc j’ai été prolongé de trois ans pour un contrat pro. J’ai su saisir ma chance et être performant quand on faisait appel à moi. Le fait d’être polyvalent m’aide beaucoup,  notamment pour défendre à plusieurs postes en défense.

Où as-tu le plus progressé ?

Au niveau tactique, sur tous les positionnements, sur les aspects défensifs. Aujourd’hui, il y a une grosse concurrence à Nantes. En attaque, il y a Nicolas Tournat en numéro 1 et Romaric Guillo qui vient d’arriver, en numéro 2. Cela fait du beau monde !

Que représente pour toi l’équipe de France sur le plan symbolique comme sportif ?

C’est quelque chose de fort ! Le choix de la France me paraissait naturel, même si j’aurais aussi pu jouer pour la Serbie. On me conseillait plutôt de jouer pour la Serbie pour connaître les compétitions internationales et pouvoir trouver des clubs tout au long de ma carrière, avec un statut international. Il y a encore très peu de temps, le chemin pour l’équipe de France était compliqué. Je me suis forcément posé un peu la question mais sans me la poser vraiment… J’ai grandi ici, je ne maitrise pas totalement la langue serbe. Je passe mes vacances d’été là-bas, il y a mes racines mais j’ai tout vécu ici en France.

Pour ce premier appel, c’est la découverte ou déjà ton avenir qui se joue ?

Un peu des deux. Ce sera un nouveau monde, je ne connais pas du tout le fonctionnement chez les Bleus. Vu que le groupe ira en Golden League sans les cadres, ce sera pour tout le monde l’occasion de marquer des points en vue des évènements à venir.

Tu es le second breton appelé en équipe de France après Romain Lagarde. C’est une fierté supplémentaire ?

C’est une petite fierté, même si je ne suis pas totalement breton (rires) !  Cela me rappelle les années au pôle espoir avec Romain Lagarde, qui évoluait à Lanester. Jamais nous n’aurions imaginé partager le maillot du H et encore moins celui de l’équipe de France.

Pas de regrets de ne pas avoir percé dans le foot ?

Je jouais en défense centrale mais il y avait vraiment trop de monde devant moi. Les gars de ma promotion étaient plus forts que moi. Avec certains anciens coéquipiers, on se voit toujours, eux viennent à Nantes et moi je vais en voir en Nationale 2. Je suis resté supporter du Stade Rennais. Si cela me pose souci au H ? Non, il n’y a pas vraiment d’amateurs du foot dans notre vestiaire et puis le foot, c’est le foot.

Le mot de la fin ?

Merci, tout simplement, au CPB, à tous ceux que j’ai côtoyé, que ce soit Franck Roussel, les dirigeants, le coach et bien sûr tous les joueurs. Ca je ne l’oublierais pas !

 

La vie en bleu.

Dragan, qui a remporté l’été dernier en sélection U21, une médaille de bronze mondial, retrouve ses potes chez les A : Julien Meyer, Yanis Lenne, Dika Mem et Melvyn Richardson. « Dragan Pechmalbec est un jeune joueur que l’on prépare. Il est athlétique et affiche un bon niveau défensif sur les postes 2 et 3. Il est aussi pertinent sur le jeu de transition » explique le sélectionneur français Didier Dinart. Le jeune nantais sera encadré au poste de pivot par l’expérimenté Luka Karabatic, par son coéquipier nantais Nicolas Tournat et par le brillant Ludovic Fabregas de retour après une thrombose, excusez du peu. Du très lourd devant lui mais aussi l’occasion d’apprendre et d’élargir sa palette au contact de joueurs qu’il côtoie (Nicolas Tournat) ou affronte régulièrement en Starligue.

Du côté du CPB Rennes :

Franck Roussel :

« Je ne suis pas surpris. C’est un handballeur neuf, il a commencé tard et sa marge de progression était supérieure à celle des autres. Il a progressé plus vite que les autres et la limite haute, on ne la connait pas. C’est un féru de boulot. Franck Prouff me disait à son sujet que Dragan possède une formidable « entrainabilité ». Sur ce plan-là, c’est le meilleur passé par le CPB. Une capacité énorme à travailler, à bosser. S’il faut passer des années à défendre, il va le faire. C’est le bon soldat par excellence. Tu ne remplaces pas par hasard Rock Feliho au H par hasard. Nous l’avons formé, fait évoluer puis le H a achevé superbement sa formation. Et ce n’est pas fini ! Sa maman l’a envoyé au Cercle après le pole. On a cru en lui. Il est arrivé au bout de deux mois, il avait un gabarit qui lui a permis de jouer en U18 nationaux directement. Franck ne l’a pas « cramé » et l’a intégré à la base arrière en N1. Il a fait des stages en équipes de France où il était emmené pour voir. Lui, quand on l’essaye, on le garde. Pour un entraîneur, c’est le joueur parfait, il fera tout ce que tu lui demande. Son état d’esprit ? Une anecdote le résume : le lendemain de l’annonce de sa sélection, il est venu payer son verre, le vendredi soir après l’entraînement alors que les gars partaient à Pau pour minuit. Pour le CPB, c’est une grande fierté de le voir en équipe de France. »

Romain Charrier :

« Comme je lui disais quand il a démarré avec nous au cercle en senior: «  Dragan handball travail » avec un accent serbe. Je crois que le travail a payé et je suis très content et fier de son parcours. Il a su aussi garder ses valeurs et c’est presque ça que je trouve le plus beau. Srecno sa tekme V modri barvi. Bonne chance pour les matchs en Bleu !

Article du journal Rennes Sport